vendredi 24 avril 2015
Des embryons humains génétiquement modifiés
Une première scientifique soulève des inquiétudes et une foule de questions éthiques à travers le monde : des chercheurs chinois affirment être parvenus à modifier un gène défectueux dans plusieurs embryons humains.
Ces mutations pourraient, à terme, permettre de modifier le matériel génétique d'un humain.
Cette perspective pousse à l'extrême prudence la communauté scientifique, très réticente à manipuler génétiquement des embryons humains.
Les travaux, réalisés à l'Université Sun Yat-sen à Guangzhou, sont publiés en ligne dans la publication peu connue Protein and Cell.
Le généticien Junjiu Huang et ses collègues y expliquent comment ils ont manipulé des gènes de plusieurs dizaines d'embryons fécondés, mais pas viables, qui n'auraient pas pu se développer et devenir des êtres humains.
Selon le magazine Nature, qui avait rapporté la nouvelle plus tôt cette semaine, les chercheurs ont tenté de modifier le gène responsable de la bêta-thalassémie, une maladie du sang qui peut être mortelle, en recourant à une technique d'édition génétique appelée CRISPR/Cas9.
Des manipulations difficiles
Les auteurs indiquent avoir « eu de grandes difficultés » à réaliser leur exploit. Selon eux, ces travaux montrent « la nécessité urgente d'améliorer cette technique pour des applications médicales ».
Ils ont injecté 86 embryons avec une version corrigée du gène défectueux et attendu 48 heures. 71 embryons ont survécu, dont 54 ont été testés.
Les généticiens ont constaté que le gène corrigé a fonctionné dans 28 embryons, mais que seule une fraction contenait le nouveau gène.
« Si on veut appliquer cette technique à des embryons viables, il faut que le taux de remplacement soit proche de 100 % [...] C'est la raison pour laquelle nous avons arrêté cette expérience, car nous pensons que cette technique n'est pas encore au point. » — Junjiu Huang
Encore beaucoup d'inconnues
Le chercheur Huang a aussi jugé encore plus préoccupant le nombre étonnamment élevé de mutations non prévues dans ce processus d'édition génétique. Ce nombre est plus grand que ce qui a été observé dans des expériences faites jusqu'ici in vitro sur des cellules humaines adultes ou de souris.
Le chercheur californien Edward Lanphier, de Sangamo BioSciences, estime que ces travaux mettent en lumière ce que la science sait déjà : c'est-à-dire qu'il faut prendre une pause dans ce domaine de recherche afin de discuter de la direction qu'elle doit prendre.
SOURCE: radio canada
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